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dimanche 7 octobre 2012

Les dimanches de l'abbé Béthléem 14 : juillet 1909

Si les deux précédents épisodes (mai 1909 et juin 1909) de ces dimanches de l'abbé Béthléem était riches en terme de littérature conjecturale, c'est moins le cas cette semaine. Pour ce quatorzième épisode nous aurons donc du théâtre policier, une étrange utopie (tout au moins pour les lecteurs du XXIe siècle) et une lettre de Pierre Lafitte, directeur de Je Sais tout.


Commençons par une incursion dans le domaine policier avec une pièce de théâtre et une incursion dans le domaine policier. Pierre de Lune est l'adaptation du roman The Moonstone (La Pierre de Lune) de Wilkie Collins (1886):

Pierre de Lune, pièce en 5 actes et 7 tableaux, tirée du roman de Wilkie Collins, par MM. Louis PERICAUT et Henri DESFONTAINES. 
Nous n'en finissons plus avec les pièces policières. Autant cela, qu'autre chose, après tout ! Pierre de lune, est dans le goût de Sherlock Holmes et de Arsène Lupin.Une « pierre de lune » un merveilleux joyau, jadis volé dans un temple au front d'une divinité indoue, est tombée par suite d'un legs, dans la possession d'une jeune Anglaise Miss Rachel Verinder, laquelle a deux cousins également épris d'elle, Franklin et Godfrey. Or, un caractère sacré est attaché au diamant et des brahmanes se sont mis à la poursuite de la pierre miraculeuse, décidés à rentrer en sa possession par tous les moyens. Au moment où, pour le garder contre leurs entreprises, Rachel va, mettre le bijou en sûreté, il lui est dérobé. Les soupçons de la police se portent naturellement d'abord sur les prêtres hindous. Mais la jeune fille à vu et reconnu le voleur, elle finit par le nommer : c'est son cousin Franklin. .Or, celui-ci n'est pas responsable du crime. La minutieuse enquête du sergent Koff, le célèbre détective, finit-par démontrer qu'il a agi inconsciemment, sous l'empire d'une surexcitation nerveuse, et il démasque le véritable coupable,le cousin Godfrey, hypocrite et criblé de dettes, qui a profité de l'état cataleptique du jeune homme pour lui faire voler le diamant, et le lui ravir ensuite. La pierre sacrée sera rendue aux Hindous; Godfrey se fera justice à lui-même et Rachel épousera Franklin.L'imprévu, l'étrange des combinaisons policières sont tout le mérite des oeuvres de ce genre.
Signalons ensuite une sorte d'utopie pro-mariage ensuite dans la catégorie « Romans pour grandes personnes » de la rubrique « A travers les Romans du mois » (la loi du 6 juin 1908 "permettant de rendre obligatoire pour le juge la demande de conversion de séparation de corps en divorce présentée par l'un des deux époux trois ans après le jugement" est toute récente et crée une vive émotion dans l'opinion catholique) :

Louis Lefebvre, Le Couple invincible, Perrin, 3,50.
La donnée est étrange un peu, le reste l'est bien moins.

Original et hardi à la fois.
Donc, d'un naufrage seuls des enfants français ont échappé.
Ils ont abordé une île inconnue, fondé la ville blanche.
Là régna d'abord l'union libre. Puis le mariage qu'on brisait à volonté, pour rien. La situation des femmes était très critique.
Deux personnes s'unirent un jour par un mariage véritable.
Ils furent condamnés tous deux pour avoir enfreint une loi sévère de la ville blanche. En prison, ils vécurent heureux, dans l'union la plus parfaite, malgré leur malheur. On allait les délivrer quand on découvrit l'épouse près du cadavre de son mari. « Vous l'avez tué, cria-t-elle, ne me plaignez pas cependant : nous nous sommes unis pour toujours, je ne serais jamais seule. »
Une loi fut publiée qui permettait désormais le mariage indissoluble. De l'état de nature ce peuple s'était élevé à la vie morale la plus haute, tandis que la France, la mère patrie, suivait exactement la voie contraire....

Dans la partie correspondance est reproduite une lettre de Pierre Lafitte à propos de l'article du mois précédent consacré à Je Sais Tout:

Monsieur l'abbé,

Je viens de lire dans votre intéressante publication, l'article que vous avez bien voulu consacrer à Je sais tout. Je me trouve tout à fait d'accord avec vous au sujet des critiques que vous formulez sur ce magazine, et les réflexions que vous en faites sont celles que je fais tous les jours à mes collaborateurs depuis plusieurs mois. Je tenais donc à vous remercier du service que vous m'avez rendu en l'occurrence, en prouvant à mes collaborateurs que ce que je leur disais est la vérité, et je vous remercie également de la bienveillance impartiale avec laquelle vous avez écrit cette étude consacrée à Je Sais tout.
Veuillez agréer, Monsieur l'Abbé, l'assurance de mes sentiments les plus distingués.
Pierre LAFITTE.
A dimanche prochain !

Sources des images: Wilkie Collins

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